Montagnes, indigènes et cocaïne – chez les Arhuacos
La sierra nevada de Santa Marta est posée la, un peu étrangement, seule, détachée de la Cordillere des Andes colombienne, recouverte de forêts tropicales, et au bord de la mer des Caraïbes.
Son plus haut sommet atteint tout de même 5 775 mètres d’altitude !
Mais ceci n’est pas la seule particularité du lieu.
La région de la sierra nevada, longtemps marginalisée, a été le refuge de guérilleros et repère de narcotrafiquants.
Après de nombreux affrontements, l’armée a repris le contrôle et le gouvernement essaie maintenant de réintégrer cette zone dans sa politique.
C’est enfin un des rares endroits encore habités par des descendants de peuples amérindiens, essayant de conserver leurs cultures et leurs territoires ancestraux : Arhuacos, Koguis, Wiwas et Kankuamos.
Ceci malgré les multiples pressions extérieures au cours du temps (Colons, missionnaires, trafiquants etc).
Visiter la Sierra Nevada de Santa Marta
Vous vous dites sans doute après cette introduction, que la zone de la Sierra Nevada, n’est pas vraiment accessible.
Pourtant de la haute montagne, des forêts tropicales, des villages, une culture unique… ça donne bien envie de découvrir le coin.
En réalité il existe une zone touristique dans la Sierra Nevada facile d’accès à partir de la ville de Santa Marta.
Pour avoir le droit d’y accéder, les lieux étant territoire indigène, il faut passer par une agence.
Les agences organisent deux sortes de visites. Des visites dans les villages pour découvrir la cultures des indigènes, et la fameuse visite au site archéologique de la Ciudad Perdida en 4 jours de marche (bientôt l’article si nous avons la chance de nous y rendre).
Les autres zones sont moins touristiques, voire pas du tout, mais ceci ne veut plus forcement dire interdites.
Il y a en réalité plusieurs points d’entrée intéressants a la Sierra Nevada.
Le village de Minca prés de Santa Marta est par exemple idéal pour les randonnées. Il est aussi possible d’accéder à d’autres régions en entrant par le nord.
De notre côté, nous avons atteint la montagne par le sud, pour rejoindre Nabusimake, la capitale spirituelle des indigènes Arhuacos.
A la base nous avions comme programme bien ambitieux de randonner plusieurs jours a partir de Nabusimake.
Comment aller à Nabusimake, en se reposant
Le trajet en résumé:
- Rejoindre Valledupar -> en bus ou en avion direct de Bogota
- Valledupar-Pueblo bello -> 13000 pesos, voitures toutes les heures de 5h du matin a 17h environ et le trajet dure 1h30. Terminal spécifique sur la carretera 7a.
- Pueblo bello-Nabusimake : 18000 pesos, 2h30 si la route est « bonne » en 4X4
Après avoir commencé par glander un peu à Valledupar, nous rejoignons le village de Pueblo Bello.
Mais malheureusement on n’est toujours pas en forme, on est fatigué et un peu malade. On ne s’est par conséquent pas très bien préparés pour faire le trek et on est de moins en moins motivés.
On se repose donc encore quelques temps à Pueblo Bello testant chaque jour de nouveaux restaurants. Notre espagnol ne fonctionne plus du tout, lorsqu’on commande une pizza, on se retrouve avec des frites saucisses…
Le troisième jour sur place, surprise. Alors qu’il semblait jusqu’à maintenant que le tourisme soit 100% colombien, nous croisons:
- Deux hollandaises qui se promènent dans le village
- Le seul autre gringo est en fait… un témoin de Jéhovah.
Ces quelques jours au calme me permettent aussi d’organiser la suite du voyage.
La chambre est plutôt confortable bien qu’on ait la visite d’une souris!
Et qu’ils n’ont toujours pas bien compris ici le principe du pommeau de douche et de l’eau chaude.
Transport en commun, un trajet difficile jusqu’à Nabusimake
Finalement on se décide à partir pour Nabusimake.
Il nous reste plus beaucoup de temps dans notre planning, donc pas de randonnée au programme, mais nous ne pouvons pas avoir fait tout ce trajet sans faire une petite visite au village.
Les transports publics ici c’est le 4X4, et on comprend vite pourquoi.
On part vers 9h, serrés à 4 sur notre banquette, secoués dans tous les sens, compressés. Le paysage est joli mais vivement qu’on arrive!
Comme l’a dit Carlos, un colombien de Bogotá de visite, 40ans de voyage dans des zones rurales pour son travail (et 50 pays visités), c’est la pire route qu’il n’ait jamais vue.
Enfin je devrais plutôt parler de chemin de terre, ou même, de champs de bosses et de ravins.
De temps en temps des bouts de routes construites sur quelques mètres. Sur lesquelles on ne monte parfois même pas tellement elle est défoncée.
Une idée du terrain? 23km en presque 2h30! Et pourtant il parait que la route est plutôt bonne, il ne pleut pas.
Au bout du chemin, un portail. Il faut s’enregistrer et payer un droit d’entrée de 10000 COP.
Balades à Nabusimake
Contrairement à quelques années où les touristes étaient plutôt malvenus, ils sont maintenant acceptés…. tant qu’il y en a peu…
Il y a maintenant 2-3 maisons qui font officiellement hôtel, une nette amélioration. On peut aussi poser sa tente.
Comme on est dans la saison des pluies et qu’il pleut tous les jours vers 13h, nous optons pour la chambre avec 3 repas inclus.
Dans l’après midi nous allons voir le « pueblito ». Ce village Arhuacos n’est pas habité mais est le site utilisé lors des réunions importantes.
Un enfant, notre « guide » nous accompagne pour nous faire faire le tour et nous donner des explications.
Nous n’avons malheureusement pas pu entrer dans le pueblito.
D’autres sites sacrés semblent interdit aux étrangers, ou parfois pas, ça dépend de qui vous accompagne.
On a du mal à savoir ce qu’on a le droit de faire ou pas. Je ne sais pas si finalement il aurait été possible de trouver un guide sur place pour une marche de plusieurs jours dans les villages accompagnée d’un aspect plus culturel.
Il est sûrement plus simple si on veut un vrai guide d’organiser la visite à partir de Valledupar via l’office du tourisme.
Mais il est sinon tout à fait possible de partir seul en randonnée, sans guide, à partir de Nabusimake.
Nous avons rencontré un Francais encore plus lent que nous, il a déjà passé plusieurs semaines dans le coin sans problème et s’est mis à la mode en arborant le fameux sac traditionnel des indigènes.
J’en aurait bien acheté un si ce n’était la forte odeur de mouton.
Le lendemain matin nous nous sommes levés tôt pour profiter du soleil et aller marcher en suivant un chemin sortant du village.
Très beau paysage à travers les maisons traditionnelles et les animaux de la ferme (trop mignon, on a failli repartir avec un petit porcelet…). Les hommes portent pour la plupart la tunique blanche et marchent tout en mâchant des feuilles de coca, leur Poporo toujours à la main.
Nous ne regrettons pas notre petite marche avant le retour mouvementé en landcruiser jusqu’à Pueblo Bello.
Pour aller plus loin
Pour en savoir plus sur l’état politique et social de cette régions, la page wikipedia sur les Arhuaco et quelques autres articles intéressants en francais:
https://fr.wikipedia.org/wiki/Arhuaco
https://www.lecourrier.ch/122859/les_semences_defendues_bec_et_ongles_par_les_autochtones_arhuacos
Et si vous voulez lire en espagnol:
http://www.banrepcultural.org/blaavirtual/antropologia/amerindi/sierneva.htm