Palpung, et le Trek de Dzongsar
Nous décidons de rejoindre le village de Palpung, aussi appellé Babangsi, en marchant, à partir de Dzongsar. Dans ce village se trouve un très beau monastère fondé en 1729 par le 8ieme Tai Situpa ( Situ Paṇchen Chökyi Jungné ). Sa salle d’assemblée (dukhang) n’a pas été détruite pendant la révolution culturelle des années 50 et est dite comme la deuxième plus grande des anciens monastères du plateau tibétain (après le Potala).
Un trek difficile en une journée mais très joli.
La randonnée en résumé
Selon les sources il est indiqué entre 1 et 2 jours pour la randonnée. Nous n’avons plus notre équipement de camping, ce sera une journée.
En réalité, nous avons mis un peu plus de 10h30 mais avons fait un long détour.
Les étapes, en très approximatif. L’état des chemins peut être très variable.
- Du village de Handa, suivre la vallée vers le sud jusqu’à l’intersection a l’ouest (environ 1h)
- Suivre la vallée vers l’est ,TOUT DROIT, jusqu’à un col évident (environ 4h). Du col (environ 4400m d’altitude), on voit un village au fond sur une colline
- Descente jusqu’au premières fermes (environ 2h)
- Descente jusqu’au village (environ 1h30)
Étape 1 : Première vallée, premiers doutes
La première étape est la plus simple, il suffit de trouver la bonne vallée.
A cause de notre topo de randonnée, venant d’un vieux livre trouvé sur internet, on commence déjà à douter. Heureusement des habitants sont là pour nous indiquer la direction.
En suivant la route principale qui traverse Dzongar, passez devant le collège monastique, puis devant une grande guesthouse et arrivez à Handa.
Ici non on ne traverse pas le pont, on prend la route qui part à l’ouest, à droite de la rivière. Passé les dernières maisons, elle se transforme rapidement en chemin.
On dépasse un berger, à qui on avait demandé précédemment la direction de Palpung. Super sympa, il nous arrête pour nous faire un dessin sur le sol avec un bâton. Il nous dit : « dans 1h, tourner à droite, surtout n’allez pas tout droit ».
Le chemin est assez large et nous croisons plusieurs troupeaux de yaks. A partir de l’intersection, le chemin se rétrécit.
Étape 2 : Est-ce le vrai col ?
Nous perdons rapidement le chemin et les doutes nous reprennent. Les indications de notre topo de sont pas très claires. Passer un pont, repasser un pont, passer au nord de la rivière, passer des huttes…
Faut-il continuer à avancer (il y a l’air d’y avoir un col au fond de la vallée), ou suivre la crique qui monte un peu sur la droite ? Où il y a un col bien visible.
Le col au fond à l’air bien loin, on n’a plus de sentier, et les indications du topo pourraient indiquer de monter dès maintenant. Mais ce n’est pas sûr. On perd beaucoup de temps à chercher un chemin, puis on se décide à monter ce col. On verra bien au sommet.
Ça tombe bien on retrouve un chemin qui nous conforte dans notre idée. Ça monte raide, on a bientôt plus de chemin. On voit un homme passer au sommet avec des Yak. Il est trop loin.
On s’arrête souvent, cette montée super raide, à plus de 4000m d’altitude, c’est pas de la tarte.
Mais plus je monte, plus je me retourne, plus je me dit : « c’est pas là, on est pas dans la bonne direction, on est en train de revenir vers Dzongsar ». J’espère que mon intuition me trompe. Nous arrivons au sommet, au loin on voit les montagnes enneigées. Christophe me dit « mmmm, on voit un temple au fond, mais c’est loin ».
Étape 3 : Le col de Hak La
Je vous le donne en mille, c’est pas le bon. On est en face de la vallée du Mesho, la vallée de Dzongsar. Que faire ?
- Redescendre et reprendre le bon chemin. Ça va nous faire perdre des heures. C’est sûr si on redescend on va juste abandonner et rentrer à Dzongsar.
- Justement, abandonner ? En plus du fait que je suis têtue et que je n’abandonne pas si facilement, je n’ai vraiment, mais vraiment vraiment vraiment pas envie de tout refaire en sens inverse.
- Redescendre dans la vallée de Mesho pour rejoindre Dzongar par un autre chemin ? Tentant. Mais c’est raide, et aucun chemin à l’horizon ne descend dans la vallée.
Mais attend, est ce qu’il y aurait pas moyen de rejoindre le « vrai col » en suivant la crête de la montagne ? Après tout on a bien monté, on peut peut être y arriver sans avoir à tout redescendre. En suivant cette idée, nous continuons sur la crête et trouvons rapidement un chemin et au loin… un col ! Un tas de pierres et des drapeaux de prières sont au sommet. C’est le bon ? Cette fois j’en suis sûr, ça ne peut être que celui là, Hak La.
Ça nous fait un petit détour au nord, mais un chemin a bien l’air de suivre à flanc de montagne, de traverser un grand troupeau de yaks et d’arriver au col.
Étape 3 : La rivière infernale
Youhou ! Au loin nous apercevons un village en haut d’une colline ! On est au bon col.
Il faut maintenant redescendre. Nous trouvons un super chemin suivant la rivière par la droite. Super.
Mais la vallée se rétrécit et le chemin aussi. Nous essayons de rester le plus longtemps possible sur la droite mais le chemin s’éboule et il n’est vraiment plus possible de passer.
Il va falloir traverser la rivière. Nous devons passer plusieurs fois la rivière. Celle ci n’est pas bien large mais pas de pont et du courant. A chaque fois nous passons de longues minutes à chercher le meilleur endroit pour passer. L’eau est froide, un petit souvenir de Patagonie. Nous avons depuis longtemps abandonné l’idée de suivre le topo. On descend la vallée comme on peut. Sur le trajet, des marmottes, des lapins, mais toujours pas d’ours.
Nous finirons par trouver un bon chemin sur la gauche de la rivière qui nous amènera tout droit a nos premières maisons.
La vallée s’élargit à nouveau au bout d’environ 2h. Alors que nous traversons des fermes, nous passons devant plusieurs murs de mani (pierres sculptées). Les ponts et les chemins, voire chemins de terre carrossables sont de retour. Mais c’était sans compter un énorme pont en rondin de bois, ecroulé.
Mince la rivière n’est vraiment pas franchissable ici ! On trouvera bien plus loin un tronc mouillé, en pente, traversant la rivière.
Casse gueule quoi. C’est donc sur le cul que nous traversons cette dernière épreuve.
Une heure plus tard nous arrivons à Palpung !
Palpung, ou Babangsi
Palpung, encore appelée Babangsi. Vous trouviez Dzongar perdu ? Venez à Palpung. On a l’impression d’un village paumé au fond d’une vallée. L’ambiance est étrange, on se sent un peu comme des extraterrestres, les gens nous fixant encore plus que d’habitude. Là où on a trouvé facilement 3-4 hotels/guesthouses à Dzongsar on n’en trouve un ici que grâce à l’aide d’un habitant.
A l’étage, les toilettes c’est une pièce contenant une genre de cuvette en bois, donnant sur le vide. Petite cabane accrochée au bord de la maison, on est à plusieurs mètres au dessus du sol. Faut avoir confiance au plancher.
Plusieurs fois, des tibétains de la maison viennent entrouvrir chacun son tour le rideau de notre chambre, voir la porte (quand on se décidera à la fermer). Vous voulez la maman? Vous voulez la petite fille? L’oncle moine? On ne sait pas trop pourquoi, on a envie de leurs dire « Euh oui oui c’est toujours nous, on est bien là, on est pas parti ».
Nous visitons le monastère de Palpung (Palpung Thubten Chökhor Ling ) le lendemain matin avant de repartir sur Dege.
La plupart des portes sont fermées mais nous trouvons quelqu’un pour nous ouvrir la pièce principale. Au fond une autre pièce contient, une grande statue de Bouddha. Le moine chargé d’ouvrir et fermer les pieces pour nous marmonera/chantera/baillera tout le long. Nous le vérifierons un peu plus tard alors que nous voulons lui poser une question, celui ci ne peut pas parler mais doit continuer ses chants sans s’arrêter.
Comment aller et repartir de Palpung
On y est arrivé maintenant faut-il encore pouvoir repartir. Pas de bus, pas d’horaire de minivan, pas de circulation, il faut partir en véhicule privé. Grace à deux travailleurs de Chengdu parlant un peu anglais (on les a repéré grâce à leurs polaire et doudoune de sport colorées), nous trouvons un arrangement pour le lendemain 13h.
On se sent un peu (beaucoup) arnaqué quand notre taxivan prend finalement trois autres villageois dans son van mais que le prix ne sera pas partagé, on devra payer pour tout le monde.
La route n’est pas goudronnée et nous avons été bloqué plusieurs fois par des travaux. Chaud, poussiéreux, plein de bosses, notre pire trajet en chine pour l’instant. Environ 3h pour atteindre Dege.
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