Dientes De Navarino, nature sauvage

Si nous sommes à Puerto Williams, la ville la plus au sud du monde, ce n’est pas juste pour profiter de l’ambiance. C’est aussi pour faire une des randonnées les plus réputées du coin, los Dientes de Navarino. La randonnée dure de 3 à 5 jours, mais seulement 32km de sentier et 10km de route.

Un trek hors sentier ou presque

carte dientes navarino

Pas beaucoup de kilomètres, pas non plus beaucoup de dénivelé, le point le plus haut est à 850 mètres. Alors pourquoi faut-il tellement de temps pour parcourir le trek de los Dientes?

Trois réponses :

  • La première, le terrain. Il n’y a pas vraiment de chemin et on marche donc dans un terrain difficile : rochers, boue, arbres morts bloquant le passage, racines, descente et montée droit dans la pente…
  • Deuxièmement, le marquage. Le marquage consiste d’abord en 38 bornes et quelques marques rouges. Celles ci permettent surtout de vérifier son avancement. Nous en avons raté quelques unes. Et entre ces bornes ? Des cairns. Le moyen le plus pratique de suivre le chemin. Et lorsqu’il y en a pas ? On suit les bouts de chemins, les traces de pas, ou en dernier recours, on trace tout droit en suivant la direction de la carte. Attention aux « faux chemins ».
  • Troisièmement, le climat. Le climat dans cette région est très incertain et rares sont ceux qui ont eu 100 % de beau temps. A cause des deux points précédents, le trajet se complique fortement lorsque la visibilité diminue à cause de pluie, brouillard, neige.

A faire donc avec de bonnes chaussures et un sac léger.
La veille de notre départ un touriste chilien a été récupéré au bord de la route à la fin de la randonnée. Direction l’hôpital, il était épuisé et totalement déshydraté. 

Jour 1 : Cero Bandera, montée dans le brouillard

La fille de la gérante d’el Padrino, nous emmène au début de la randonnée en voiture.
Celle ci commence par une montée dans la forêt. Le ton est vite donné.
C’est à dire que nous commençons déjà à nous perdre. Il suffit d’un « faux chemin » pour ça. Mais nous savons que le chemin qui monte jusqu’au Cero Bandera est sensé être « évident ». Il est donc « évident » que nous nous sommes trompés. Christophe essayera même de perdre d’autres randonneurs en plaçant des cairns sur le faux chemin, oups.
Le vrai chemin était en fait caché derrière un tronc d’arbre couché. Nous apprendrons que ceci arrive souvent.

Enfin sortis de la forêt, nous traçons vers le sommet. Malheureusement on n’y voit pas grand chose à cause des nuages. Mais j’ai quand même la pêche, alors je trouve tout de même au paysage un certain charme. Jolis sommets dépassant des nuages.

L’humeur commence à changer lorsque la brume monte et qu’il commence à bruiner. On marche ensuite en flanc de montagne. On sait qu’on a un long chemin avant la descente vers le camping. On nous avait bien dit de passer le plus à gauche possible, mais ne voyant rien à 20 mètres, on suit le chemin le mieux tracé qui nous emmène beaucoup trop bas. On vérifie la carte, le GPS sur l’application « maps.me »… Il faut remonter pour trouver le bon endroit où traverser la petite rivière, un endroit sans une butte de terre infranchissable en face surtout.

C’est là. Il suffit maintenant de toujours garder la forêt à droite, sans s’y engager, jusqu’à atteindre la borne qui nous indiquera le début de la descente. Arrivé à la borne 9, ce n’est plus très loin mais il faut encore descendre dans la pierrasse, sans trop savoir où on va. Mais c’est sûr, on tombera sur un lac, et sur les emplacements de camping. On tombe en effet dessus et aussi sur un Chilien, il a posé sa tente et campe la depuis 3 jours. On arrête pour aujourd’hui, à la laguna del Salto, le temps est trop mauvais !

Personne sur le trajet aujourd’hui. Pas trop étonnant, en plus du mauvais temps, nous sommes partis un lundi. Sûrement un des jours les moins fréquentés car il n’y a pas de bateau venant d’Ushuaïa le dimanche.

Jour 2 : Vent et pierriers au Navarino


Le matin nous voyons que quelques tentes se sont posées à côté de la première. C’est toujours brumeux mais il n’y a plus de pluie. Heureux comme des princes, on repart d’un bon pas, il faut encore monter. Le vent se lève, nous comptons sur lui pour dégager un peu la vue. On monte dans les pierres. On aperçoit des bouts de montagne. Oh un lac ! Bien que les sommets des montagnes soient toujours dans les nuages, au loin la vue est dégagée. On aperçoit le lac Windhood.
Nous pensons aux randonneurs ayant choisi l’option de rallonger la marche pour se rendre jusqu’à ce lac. De ce que nous avons entendu, c’est long, boueux et fatiguant. Le seul réconfort, le refuge au bout avec matelas et feu.

Nous continuons dans la pierrasse, passant de cols à lacs. Bien que nous soyons à bien moins de 1000m d’altitude nous avons l’impression de traverser des paysages qu’on trouve habituellement autour des 2000m.

Nous passons les nuages et le ciel se dégage enfin. Nous suivons les cairns sans difficulté. Arrivé à l’intersection vers Windhood, il semble que nous quittions définitivement la zone nuageuse.
Ah c’est beau! La bonne visibilité nous permet de voir jusqu’au bout de l’île de Navarino et au-delà, les îles du cap horn d’un côté, les montagnes d’Argentine de l’autre. Nous nous rajoutons même une petite montée pour un meilleur point de vue sur ce magnifique paysage. On est fatigué mais heureux de retrouver le soleil. Nous rejoignons le campement à la borne numéro 25 pour finir cette étape. Nous aurons croisé qu’un chilien sur l’étape.

Jour 3 : Soleil et boue

On se réveille avec le beau temps. Quelques nuages ici, ca ne compte pas. Nous avons de jolies vues sur les montagnes. Arrivés aux emplacements 26 et 27, nous passons devant 3-4 tentes et un groupe d’une dizaine de personnes aux même endroit. La plupart ont du partir la veille de notre départ mais ont été ralenti, voir stoppé par la pluie de l’avant-veille.
Nous dépassons d’ailleurs un couple qui était avec nous dans le bateau d’Ushuaia et un couple de chiliens qui étaient au refugio Pedrino avec nous, partis dimanche.

Finies les pierres sur ce tronçon, c’est surtout de la boue qui nous freine. Le chemin est moins facile à trouver et on se fie souvent aux traces de pas. Ce qui est parfois une mauvaise idée, en particulier juste après le point 30. Surtout ne pas aller tout droit si vous voulez éviter la boue et la désescalade, mais prendre le petit chemin à droite. Le GPS est ici bien pratique.

Après un trajet plutôt boueux mais plus ou moins plat, s’annonce la grande montée vers le col Virginia, entre le numéro 32 et 33. Au loin on voit l’Argentine et Ushuaia, devant nous, une montagne de boue et de racines à escalader. Droit dans la pente.
Un peu de repos puis la forêt reprend. On rate cette fois complètement le chemin et on trace tout droit jusqu’à sortir à nouveau de la forêt et rejoindre un chemin dans les pierres.

Arrivé au 33, ouf, plus de montée! C’est presque plat mais interminable dans un désert de pierres, On s’éloigne des jolis pics de montagne. Mais pour enfin arriver… au dessus du lac Guanacos… Ca y est on voit la mer. Whaouu, je n’imaginais pas la vue du pass Virginia comme ça. Un grand névé, en bas un grand lac et ça continue à descendre jusqu’à la mer.

S’annonce la descente la plus raide du trek dans le pierrier jusqu’au lac que nous longeons sur la gauche pour atteindre un premier campement au numero 35.

Nous sommes motivés, et après une traversée de rivière et une petite verif GPS nous arrivons à un autre campement où 2-3 personnes sont déjà installées. On s’éloigne un peu plus loin à la sortie de la forêt pour une meilleure vue. Et faire un petit feu de bois, qui nous enfumera surtout. Un petit thé et un repas chaud et c’est bientôt le dodo. 19H déjà !

Jour 4 : Des racines et des troncs d’arbres

C’est la dernière étape du trek des Dientes de Navarino, la journée s’annonce simple. D’après le topo, il faut seulement descendre dans la forêt.
Quelques kilomètres qui prendront quand même plusieurs heures.
Le chemin dans la forêt est moins simple que celui du premier jour.
On passe par dessus les troncs d’arbres, par dessous, descend vers la rivière, remonte. On se croirait totalement hors sentier, suivant les traces de pas d’autres personnes perdues. Mais pourtant au milieu de se méli-mélo forestier nous voyons une marque rouge sur un arbre. Oui une, juste une. Pour les dernières bornes, nous n’en croisons aucune.

A la sortie de la première grosse descente forestière, nous voyons la route… et des chevaux en liberté. Plus vraiment de chemin mais la direction est claire. A cette même sortie de forêt, sortant quelques minutes après nous, nous croisons Carson qui était aussi à notre refuge. Bettina et un peu derrière, en train de se battre dans les broussailles.
Nous les retrouverons se soir ainsi que le couple de Chiliens, au refuge, de retour à la maison !

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